Maux de ventre, maladies inflammatoires, mais aussi dépression, troubles du spectre autistique, surpoids, obésité, diabète, maladies neuro-dégénératives… et si le point commun de tous ces troubles prenait naissance… dans notre ventre ? Et si une partie des solutions s’y trouvait ? L’enquête menée par Adriana et Michel nous montre comment adopter de bonnes habitudes alimentaires afin de protéger notre microbiote, et les espoirs qu’il offre pour la médecine.

Deux régimes stricts mais très différents : pendant une semaine, Michel et Adriana ont accepté de jouer les cobayes. Ils s’engagent à respecter les consignes : ne manger que des plats de l’industrie alimentaire pour l’un, jeûner pour l’autre. Quels seront les effets sur leur microbiote ? Leurs expériences seront décryptées par les spécialistes qui, depuis quelques décennies maintenant, s’intéressent au rôle essentiel de ces micro-organismes qui colonisent notre estomac, notre intestin grêle et notre côlon. Au total, cinquante mille milliards de bactéries, dont la plupart sont bénéfiques pour notre corps. « Je ne vais pas bien !… Je suis à bout… » Pour Michel qui a l’habitude d’une cuisine saine à base de produits frais, l’expérience est douloureuse. Et les résultats que lui livrent les chercheurs Benoît Chassait et Mélanie Deschasaux-Tanguy, qui analysent les effets de la nutrition sur la flore intestinale, montrent clairement la diminution des bonnes bactéries au profit des mauvaises.
À la clinique allemande où Adriana a réalisé son jeûne très encadré par l’équipe de Françoise Wilhelmi de Toledo, le constat est plus encourageant. « Ton microbiote était assez pauvre en terme de diversité, lui explique-t-on. Après une semaine de jeûne, il y a des changements qui sont bénéfiques : on observe plus de bonnes bactéries. » Car un microbiote sain est riche et varié. Le contraire peut entraîner des maladies physiques, neurologiques ou même psychiatriques.
Comment l’un des derniers peuples qui perpétuent la chasse et la cueillette en Tanzanie peut-il être épargné par les maladies de nos sociétés modernes ? La réponse est en grande partie dans notre assiette. Nos deux enquêteurs partent donc à la rencontre de ceux qui veillent sur les dérives de l’industrie agroalimentaire pour générer du profit au détriment de notre santé. Tel le lobby de la charcuterie qui s’obstine à nier la responsabilité du nitrite de sodium, présent dans le jambon, dans le développement du cancer colorectal. Ils interrogent ceux qui se battent depuis des années pour l’interdiction des additifs alimentaires dans les plats ultra-transformés vendus en supermarché ; ceux qui mettent en place des solutions, comme le Nutriscore ou l’application Open Food Facts,  et ceux qui continuent de scruter — pour mieux alerter — le marché de l’alimentation, telle l’organisation FoodWatch.

Le deuxième cerveau

Avec ses deux cent millions de neurones, l’intestin est aussi celui qu’on appelle « le deuxième cerveau ». La recherche scientifique a montré comment une mauvaise alimentation favorise la perméabilité de sa paroi qui peut libérer les virus fabriqués par les mauvaises bactéries, et atteindre la région du cerveau.
Michel et Adriana partent à la rencontre de patients dont la vie en a été bouleversée. Car le microbiote aurait des effets stupéfiants sur notre santé mentale. Ainsi, Annick, retraitée et en dépression depuis plus de trente ans, a enfin trouvé le chemin de l’apaisement grâce aux travaux du psychiatre et chercheur Guillaume Fond. « Ce cerveau dont on dit que c’est le deuxième, je pense en fait que c’est le premier. » Les recherches du scientifique — corroborées par des études internationales — mettent en évidence le lien entre consommation de fruits et légumes et diminution du risque de dépression. Dans son hôpital à Marseille, des produits locaux et de saison sont proposés au personnel soignant pour favoriser leur bien-être. C’est aussi un changement de régime alimentaire qui a permis à Léo, 13 ans, atteint d’un trouble du spectre autistique, de commencer à parler, marcher et vivre aujourd’hui une vie normale.
Aux États-Unis où, chaque année, trente mille Américains meurent du Clostridium difficile, une affection digestive très douloureuse, le duo rencontre des médecins qui pratiquent des transplantations fécales. Demain elles pourraient soigner des pathologies très lourdes. Aujourd’hui, ces greffes optimisent déjà certains traitements contre le cancer, avec des résultats édifiants.

« Les pouvoirs extraordinaires du corps humain »
« Microbiote : et si tout partait de notre ventre ? » © Elephant & Cie

Le saviez-vous ?

  • 1 Français sur 2 souffre de maux de ventre.
  • Il existe plus de 800 médicaments pour les troubles digestifs.
  • Nous hébergeons 50 000 milliards de bactéries, virus et champignons dans notre tube digestif.
  • Notre microbiote pèse aussi lourd que notre cerveau.
  • Nous avalons 4 kilos d’additifs alimentaires par an.
  • 70 additifs dont la nocivité a été démontrée sont autorisés en France.
  • Il existe un lien entre microbiote et santé mentale.

Présentation Michel Cymes et Adriana Karembeu – Écrit par Peggy Olmi et Madeleine Zbinden – Réalisation Stéphane Gillot – Production Éléphant & Cie et 17 Juin Média